
La zone de santé de Mweso a régulièrement enregistré des affrontements entre d’une part l’armée régulière et les groupes armés et d’autre part, entre différentes factions de ces groupes armés, suivis de pillages de maisons et de violences physiques sur des populations civiles. Toute cette situation a tendance à accroître le banditisme d’autres jeunes mal intentionnés dans la zone. De nombreux coupeurs de route y sévissent.
A la suite de ces actes de violence, les populations exercent des déplacements permanents. Ils peuvent être visibles le jour dans plusieurs villages aux environs et revenir passer leur nuit au centre de Mweso, un peu plus sécure que les villages autour.
La localité de Mweso est une zone d’accueil permanente des déplacés.

Floribert Nzaituriki, conseiller de MSF, organise une séance avec son patient en psychiatrie Fabien Banjanga, âgé de 24 ans, à l'hôpital général de Mweso. Sara Creta / MSF
C’est dans ce contexte que j’interviens pour apporter un appui psycho-sociale aux victimes de ces violences. Mon nom c’est Floribert, je vis avec ma femme et mes 5 enfants à Mweso d’où je suis originaire. Je travaille avec MSF depuis l’année 2009 comme conseiller Psycho-Sociale, principalement à l’hôpital général de référence de Mweso appuyé par Médecins Sans Frontières, et parfois à la clinique Tumaini qui prend en charge les victimes de violences sexuelles.
De nombreuses personnes ont été touchées, traumatisés par des événements horribles et désagréables qui se sont déroulés à Mweso. Ils ont été très affectés psychologiquement. Mon travail c’est de les prendre en charge psychologiquement. A cause de traumatismes à répétition, plusieurs personnes ne vont plus aux champs, ne s’occupent pas de leurs familles, ne travaillent pas, s’adonnent à l’alcool pour essayer de refouler le mal qui les ronge. Ils sont plongés dans un désespoir total, ils présentent des comportements bizarres.
A chaque fois que j’arrive à apporter de nouveau un sourire à ces personnes, je deviens davantage motivé à continuer à exercer ce travail difficile mais aussi bon à la fois. Nous sommes là pour aider les gens avec des problèmes difficiles et ceci constitue un motif de fierté pour moi.
Les effets du conflit sur la santé mentale et le bien-être psychosocial sont profonds et j’ai le sentiment qu’en tant qu’MSF, nous devons être fiers de ce que nous faisons au quotidien pour que la vie ait encore un sens pour ces personnes.